Retrouvée sur tous les continents du globe, la pipe a pourtant une histoire assez floue. En effet, nul ne saurait dire depuis quand elle existe, ni même qui l’a fabriquée. Quoi qu’il en soit, il semble évident qu’elle ait été communément utilisée par divers peuples, n’ayant même parfois, jamais eu aucun lien !
Des utilisations diverses
La plus vieille pipe au monde date de 500 av. J.-C. Elle a été retrouvée en Europe et était réalisée dans des fragments d’os. Rapidement, d’autres ont été trouvées, faites de bois ou de roseaux. Après certaines recherches, il se trouve que les premières pipes n’étaient pas utilisées pour fumer du tabac, mais bel et bien des herbes diverses. En effet, fumer certaines herbes avait, selon les croyances de l’époque, des vertus thérapeutiques. De même, des rites étaient imposés autour de la pipe par certains peuples : le passage de l’enfance à l’âge adulte était sacré par le rite initiatique du fumage de pipe.
Les Romains ont ensuite été le premier peuple à utiliser le brule-gueule de façon régulière. Les Grecs l’appréciaient également. Puis, les Germaniques et les Celtes l’utilisaient pour fumer les feuilles de tilleul. Ce n’est qu’à partir du XVIIe siècle que les premières pipes à tabac ont été fabriquées et commercialisées.
Plus tard, le monde découvrira le fameux calumet utilisé par les Indiens, qui n’est autre qu’une pipe longue. Ils fumaient le tabac, mais également certaines herbes mélangées. Partagée avec d’autres tribus, fumer le calumet était signe d’apaisement, de bonne entente et de paix.
La pipe se popularise
Après son périple sur le nouveau continent, Christophe Colomb découvre et ramène le tabac en Europe. C’est à peu près à la même période que seront fabriquées les premières pipes à tabac. Elles seront pour les premières, conçues en terre, principalement dans le nord de l’Europe. Puis, au XVII, l’anglais William Baernelts part pour la Hollande, où il va lancer la production en série de ses pipes. Elles vont être commercialisées en France et en Angleterre. C’est après 1648 que les premières pipes « Made In France » vont voir le jour à Dieppe et Dunkerque.
Le brule-gueule rentre dans les rangs de l’armée, avec un Général Lassalle qui scande qu’un soldat qui ne fume pas n’est pas un bon soldat. Napoléon a même ordonné la réalisation d’un modèle spécifique pour honorer ses meilleurs combattants. Puis, vint la pipe « bouffarde », dont le nom provient du Caporal portant le même nom et s’étant fait arracher ses deux bras pendant la guerre de Crimée entre 1853 et 1856, et dont l’un de ses membres tenait encore sa pipe. Certaines marques se détachent des autres, comme la Dunhill, qui, après avoir été vue au bec d’un poilu, devient le symbole de la sportivité. Au XXe siècle, la pipe est un symbole dans l’armée. De nombreuses expressions naîtront des divers conflits comme « casser la pipe » ou « aller au casse-pipe ».
La France et ses pipes de grand cru
Au XIXe siècle, les « brule-gueules » français prennent du galon, notamment grâce à la fabrication des pipes Butz-Choquin ou Chacom au sein de Saint-Claude, un petit village au cœur du Jura.
Mondialement répandues, les pipes de Saint-Claude seront une référence en la matière et le village deviendra la capitale officielle de la pipe.
Vers une caste plus sélective
Au fil des ans, la pipe a occupé une place de choix. Elle a été l’accessoire privilégié des grands hommes refaisant le monde autour d’un café ou d’un thé. Puis, elle a séduit les travailleurs, en devenant l’incontournable des ouvriers, artisans et divers employés. Mais les cigarettes présentant un prix plus abordable, la pipe a largement été délaissée par la classe moyenne, retrouvant sa place dans les mains du haut gratin de la société, dès le XIXe siècle. Les Casanova en herbe séduisent ces dames, brule-gueule au bec, avant que ces accessoires ne deviennent celui des penseurs ou des hommes de lettres comme Simenon, Sartre ou Brassens.
La pipe restée prisée par une minorité
Depuis le XXe siècle, seule une certaine élite s’adonne aux plaisirs de fumer la pipe. Menacée par les campagnes antitabac, elle perd de sa superbe, mais reste indétrônable aux yeux des puristes.
De grandes figures du cinéma se sont illustrées le brule-gueule à la main, comme Bourvil ou Lino Ventura. Aujourd’hui encore, la pipe est réservée à une certaine élite.
Transmises de génération en génération, elles honorent un rite ancien de façon modernisée.